lundi 29 août 2011

Bien le bonjour de Mexico ! Je suis arrivée samedi matin après un petit road trip avec les parents et la grand-mère d'Amin. Comme d'habitude, j'ai dormi presque tout du long, mais j'ai quand même pu profiter de jolis paysages désertiques et de quelques mini-tornades.


Nous sommes allés à Zacatecas, une petite ville minière super jolie, toute en pierres roses, où Pancho Villa gagna une importante bataille contre les fédéraux, lors de la révolution des années 1910.

Ensuite, nous nous sommes rendus à Aguascalientes, où nous avons fait un tour en tramway et visité le musée de José Guadalupe Posada, où sont exposées nombre de ses caricatures squeletiques, dont celle-ci d'Emiliano Zapata :

Enfin, jeudi, nous sommes allés à Guadalajara, ville la plus belle du monde après Paris, selon le papa d'Amin. Nous y avons visité la Cathédrale, l'hospicio Cabañas (une institution de bienfaisance du XIXe siècle, avec de nombreuses cours intérieures), le Palais du Gouvernement (avec ses fresques du Muraliste José Clemente Orozco, notamment le Hidalgo incendiero, qui est assez impressionnante).


Vendredi soir, j'ai dit au revoir aux parents et à la grand-mère d'Amin et j'ai pris le bus pour le DF (c'est-à-dire le Distrito Federal, c'est-à-dire Mexico). J'y ai rencontré Luis, mon hôte de Couchsurfing, super sympa, qui m'a entraînée dans un trip a vélo avec ses amis qui fut tout une aventure !
J'ai dû faire l'aller en bus, car quelques minutes après avoir quitté la maison, les frein de mon vélo on tout a coup cessé de fonctionner et je n'ai pas trouvé d'autre moyen pour m'arrêter que de foncer dans Benjamin, qui n'a pas trop compris ce qui lui arrivait. J'ai fini ma course par terre et si je n'avais pas eu de casque, je ne sais pas dans quel état j'aurais fini (morale de l'histoire : portez un casque les amis !). Le vélo en tout cas, n'a pas tenu le choc.
J'ai donc retrouvé mes nouveaux amis à San Martin de las piramides, où nous avons passé la nuit avant d'aller visiter les pyramides de Teotihuacán.
L'après-midi, je suis rentrée au DF en vélo avec Benjamin et Javier et ça a été la pire balade à vélo de ma vie ! Les voitures nous frôlaient à toute allure et, heureusement, Benjamin et Javier, qui sont plus habitués à faire du vélo dans ces conditions, me servaient en quelque sorte de gardes du corps et nous sommes arrivés sans une égratignure.

Aujourd'hui, j'ai retrouvé Michal, ami polonais rencontré à Montréal par l'intermédiaire de mon couchsurfeur Billy. J'adore cette impression de tisser une toile à travers le monde avec tous ces amis que je rencontre et que je retrouve ailleurs et qui rencontrent d'autres amis, etc.

dimanche 21 août 2011

Me voilà enfin à Monterrey, au Mexique ! Mais avant de parler de mes premiers jours dans ce magnifique pays, il faut que je vous raconte le voyage...

Tout a commencé par un petit périple en voiture, de Dancing Rabbit à St Louis, avec mes amis Billy (que j'avais hébergé à Montréal) et Jake (coloc de Billy qui m'avait hébergée à Pittsburgh en l'absence de ce dernier), en écoutant l'album Si on avait besoin d'une cinquième saison d'Harmonium (que Billy connait par cœur, même s'il comprend à peine plus les paroles que moi). J'adore le fait de retrouver des couchsurfeurs, devenus amis, ailleurs dans le monde et je suis à peu près sûre de revoir Billy un jour. La question reste de savoir où.

J'ai laissé Billy et Jake à l'aéroport de St Louis et je suis allée retrouver Ken, mon cowexer de DR rentré chez lui une semaine plus tôt. Ken commençait un cours de permaculture de deux semaines et s'était débrouillé pour que je puisse assister à la première journée. Je l'ai donc accompagné et ce petit aperçu du cours m'a donné très envie de le suivre en entier. J'ai eu l'impression d'apprendre plus en une journée qu'en deux mois et demi à DR ! Je ne pouvais malheureusement pas rester aussi longtemps à St Louis, mais ce n'est que partie remise. J'ai déjà de nouveaux projets en tête (un stage en permaculture en Catalogne ? Mmmm, pourquoi pas ?). Le lendemain, j'ai fait ma touriste dans les rues de St Louis : rien de très remarquable, mis à part la grande arche et le très divertissant City Museum, avec ses jeux, ses labyrinthes, ses toboggans, son bus scolaire en équilibre, etc.

Le soir même, j'ai pris le train pour San Antonio. Le train est arrivé avec plus de deux heures de retard et moi qui me sentais déjà mal d'arriver chez mon hôte après 10 heures du soir (heure d'arrivée prévue), j'ai passé le trajet à me demander comment j'allais me débrouiller si j'arrivais à 2h du matin : je ne voulais pas réveiller Tim, mon hôte de Couchsurfing, en débarquant en pleine nuit. À chaque gare, j'essayais donc de connecter mon ordi pour tenir mon hôte au courant de notre progression (car, en plus des deux heures de retard au départ, le train n'arrêtait pas de s'arrêter pour laisser passer des trains de marchandises) et, le reste du temps, j'essayais d'engager la conversation avec d'autres passagers, dans l'espoir de trouver quelqu'un pour m'héberger à mon arrivée. Mais je n'ai rencontré que des gens qui descendaient avant San Antonio, un jeune qui quittait pour la première fois St Louis, parce qu'il avait "trop de problèmes", pour aller refaire sa vie à El Paso et qui avait quintuplé sa dose de sédatifs, car le voyage le rendait anxieux, des ultra-conservateurs à qui je n'ai même pas tenté d'expliquer le concept de Couchsurfing après qu'ils m'ont demandé si c'était vrai que les musulmans étaient en train d'envahir l'Europe. Heureusement, le train a finalement eu tellement de retard que nous sommes arrivés à cinq heures du matin (au lieu de dix heures du soir, soit environ trente heures de voyage) et je n'ai donc pas eu longtemps à attendre avant que ce soit une heure plus convenable pour débarquer chez Tim.

J'ai passé la journée suivante avec Tim, à me dégourdir les jambes en parcourant la ville à vélo : El Alamo, the Riverwalk, la tour panoramique, les missions espagnoles, etc. Tim s'est avéré être un hôte exemplaire. Non seulement il m'avait proposer de venir me chercher à la gare, même si j'arrivais à trois heures du mat', mais il s'est débrouillé pour me dégoter un vélo et a joué les guides touristiques toute la journée.

Le lendemain matin, j'ai pris le bus pour Monterrey. Je n'étais pas très rassurée par le voyage qui m'attendait, mais tout s'est passé comme sur des roulettes ! J'ai passé la frontière beaucoup plus facilement que pour entrer au Canada ou aux États-Unis et j'ai passé une bonne partie du trajet à papoter avec un Toulousain qui faisait un stage de médecine à Monterrey et qui parlait du Mexique avec tant d'enthousiasme que je n'avais qu'une envie : passer le reste de ma vie à en faire le tour !

Et voilà, comme je le disais plus haut, je suis enfin arrivée à Monterrey. Les parents d'Amin sont venus me chercher à la gare routière et m'ont tout de suite fait part du programme touristique qu'ils avaient pour moi : balades dans les montagnes environnantes, visites de musées, escapade à la maison de campagne, puis voyage jusqu'à Aguascalientes et Guadalajara. Pas question de me reposer et de faire bronzette sur le balcon ! Je joue donc à la princesse, mange comme une reine et me laisse balader partout en essayant d'intégrer le plus possible de cette nouvelle culture. Je me suis acheté un livre sur l'histoire du Mexique et écoute avec avidité le père d'Amin, qui est insatiable quand il s'agit de parler de son pays.


dimanche 14 août 2011

Ça y est, c'est la fin de mon étape à Dancing Rabbit. Je me dirige vers le sud aujourd'hui. Mes amis Billy et Jake, chez qui j'étais hébergée à Pittsburgh et qui sont venus visiter le village, m'amènent à St Louis, Missouri, où je vais retrouver Ken jusqu'à mardi. Je prendrai ensuite le train pour San Antonio, Texas.

Mon séjour ici se sera bien terminé. On a enfin réussi à monter la première moitié de la première poutre ! Je voulais vous mettre une vidéo du processus, mais je n'arrive pas à la charger, alors vous devrez vous contenter d'une photo !

 J'aurais aimé être là pour monter la deuxième moitié, car ça risque d'être folklo. J'espère que Dennis, Sharon et Travis me donneront des nouvelles.

En ce dernier jour ici, je réfléchis à ce que j'ai appris en ces deux mois et demi. J'ai pas l'impression d'avoir appris beaucoup en matière de construction, car je ne suis pas très convaincue par les techniques qu'on a utilisées. On marquait les troncs pas mal à l'oeil et ça se voit (peut-être pas sur cette photo, mais en vrai, oui). Par contre, j'ai appris que si on dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant, il faut aussi tout un village pour construire une maison. On n'aurait jamais pu porter ces grosses poutres et monter cette première arche si tous les lapins dansants n'étaient pas venus à la rescousse.

Plus qu'en matière de construction, donc, je pense que j'ai beaucoup appris sur la vie dans un écovillage. Avant d'arriver ici, je pensais que les habitants vivraient sans se préoccuper de l'heure qu'il est, qu'ils travailleraient quand bon leur semble et qu'ils prendraient le temps de ne rien faire. Que Nenni ! Je n'ai jamais autant eu besoin d'une montre qu'ici !  Les gens courent d'une réunion à l'autre, avec leur agenda (ou, pour beaucoup, leur iPhone) à la main et quand on veut prendre du temps pour papoter avec quelqu'un, il faut prendre rendez-vous !
J'ai également appris à quel point la résolution des conflits et la prise de décisions par consensus prennent du temps dans un village d'une soixantaine d'habitants. Les membres de DR parlent d'ailleurs de changer de système de gouvernement.
Une autre chose qui m'a marquée ici, c'est la forte impression que les Américains ont peur. Quand ce n'est pas du terrorisme, c'est de la fin du monde ou du pic pétrolier. Et les membres de Dancing Rabbit ne font pas exception à la règle. Moi qui m'attendais à rencontrer des gens pleins d'espoir quant à la possibilité d'un monde meilleur, j'ai entendu davantage de conversations plutôt pessimistes concernant la meilleure façon de se préparer pour survivre quand le pétrole viendra à manquer et que la population mondiale se battra pour l'eau et la nourriture.



Je dois me dépêcher d'aller préparer mon sac et démonter ma tente, alors, en vrac, d'autres connaissances que j'emporte avec moi : je sais fabriquer un rocket stove et m'épiler avec un fil, je sais qu'on peut vivre "off the grid" et passer ses journées sur Internet, j'ai découvert le merveilleux goût du cornbread, je sais à quoi ressembles un tyran tritri, une sturnelle de l'Ouest, un Colin de Virginie, un pic à tête rouge juvénile et bien d'autres bestioles de ce type et je sais que je ne suis pas sensible à l'herbe à puce et que c'est vraiment une chance !

dimanche 7 août 2011

Cette semaine a été riche en évènements ! J'ai commencé par m'éclipser de DR pour aller visiter Factor-e Farm, à trois heures de route d'ici. Factor-e est un groupe d'anarcho-écolo-geeks dont l'objectif est de développer un ensemble de machines nécessaires, selon eux, à l'établissement de communautés fonctionnant en autarcie avec tout le confort moderne et sans impact sur l'environnement. Ces machines - qui vont du tracteur au four de boulanger, en passant par l'extracteur d'aluminium contenu dans l'argile - sont conçues pour être modulaires, faciles à fabriquer et à réparer, peu coûteuses et au moins aussi efficaces que les machines déjà existantes. Les plans des ces machines sont totalement open source et affichés sur le wiki de Factor-e au fur et à mesure de leur élaboration. Les membres de Factor-e visent, à terme, à construire ces machines de A à Z, du plus petit boulon aux moteurs permettant de les faire fonctionner, sans aucune ressource extérieure à la communauté. Après une nuit et une journée passée parmi eux, nous sommes repartis moindrement convaincus par la faisabilité de leur projet, mais inspirés par leur enthousiasme et leur ténacité.

Mercredi, j'ai donné mon deuxième cours de quechua à Sharon. Elle avait bien retenu ce que je lui avais appris lors du premier cours et ça m'a fait énormément plaisir de me replonger dans cette langue et de voir que je n'avais pas tout oublié. Ça fait beaucoup rire Sharon qu'une Française lui donne des cours de quechua en anglais et en espagnol (parce qu'elle parle espagnol aussi et c'est souvent plus facile de passer par l'espagnol que par l'anglais).

Jeudi, c'était la fête de l'abolition des privilèges et, accessoirement, mon anniversaire. J'ai commencé la journée par sécher le travail et aller me balader avec Sharon pour observer les oiseaux et cueillir des mûres. On a vu un passerin indigo, un chardonneret jaune, plein de tyrans tritri, un pic à tête rouge juvénile (avec la tête brune, donc) et plein d'autres oiseaux qu'on n'a pas su reconnaître. Pis le soir, on est allés manger des nachos au Mercantile et j'ai eu droit à un super bon gâteau au chocolat végétalien.

Vendredi, Ken est reparti à St Louis. On voulait monter la première poutre avant son départ, mais on n'a pas réussi (on n'était pas loin pourtant). Du coup, on a pris une photo de nous sous la poutre, pour donner l'illusion qu'elle était verticale :

Toutes les jambes de force sont en place, les poutres et les piliers ont été grattés pour enlever les moisissures et on a commencé à faire les trous pour les chevilles de deux pouces. On devrait donc monter la poutre la semaine prochaine. Mais comme tout est toujours plus long que prévu, je ne suis pas sûre du tout de voir ça avant de partir. Car il ne me reste plus qu'une semaine ici.

J'ai aussi participé à une work party pour monter les murs de la future Casa de Cultura (c-à-d la salle des fêtes). C'est fou ce que ça va vite quand on utilise des planches de taille normale au lieu de troncs d'arbre de 30 centimètres de diamètre ! Désolée pour l'image dans le mauvais sens, je ne sais pas comment la remettre comme il faut.