lundi 27 juin 2011

Un mois et pas encore une seule poutre en place...

Au risque de me répéter : construire une maison capable de soutenir un toit végétalisé en n'ayant recours qu'à l'énergie solaire et celle de nos maigres bras, c'est long !
La première poutre n'est pas encore prête à mettre sur pieds, mais presque. On a eu une grosse discussion aujourd'hui pour décider de ce qu'on pouvait faire pour finir l'ossature de la maison avant la mi-août. On s'est mis d'accord sur quelques heures supplémentaires et la réduction de notre temps de pause du matin. Le rythme s'accélère aussi, car on commence à manier les outils avec plus d'assurance - je suis devenue une pro du rabot - et à avoir une meilleure idée de comment procéder. Mais chaque fois qu'on doit faire quelques chose de nouveau, on passe un temps fou à réfléchir à la meilleure façon de faire et ça nous ralentit pas mal. Prochain défi : installer les piliers qui vont soutenir notre première poutre et... monter l'ensemble sur le chantier. Pour vous donner une idée de comment on va faire ça, voici une photo de la technique utilisée par la coop Wabi-sabi pour leur nouvelle cuisine :

Parlant de coop et à la demande de Matou, il est temps que je vous explique le fonctionnement de la communauté. Dancing Rabbit a été créé en 1997 et compte maintenant une cinquantaine d'habitants (une population qui monte à environ 75 en été avec tous les wexers). L'objectif général de DR est de montrer qu'un village peut fonctionner de manière durable, en ayant majoritairement recours à l'énergie solaire, éolienne et, surtout, humaine. Pour devenir membre, il faut d'abord passer six mois à DR en temps que résident et adhérer aux principes généraux de la communauté : aucun véhicule personnel (les membres se partagent trois véhicules communautaires), utilisation restreinte de combustibles fossiles, obligation de se conformer aux normes bio de l'OCIA pour faire pousser quoi que ce soit, toute l'énergie électrique utilisée doit provenir de sources renouvelables, tout le bois utilisé pour la construction doit être soit local, soit récupéré, etc. Pour devenir résident, puis membre, il faut passer un entretien avec la "coop" responsable des admissions. À date, personne n'a jamais été refusé.
DR est donc organisés en "coops" : les coops alimentaires, qui regroupent les habitants qui veulent manger ensemble et qui ont un régime commun (carnivore, végétarien ou végétalien), et des coops pour tout ce qui à trait à la vie de la communauté, que ce soit l'utilisation des voitures, l'économie de la communauté, le site Internet ou les toilettes sèches.
Toutes les décisions touchant l'ensemble des habitants sont adoptées par consensus. Jusqu'ici, j'ai assisté à deux réunions : l'une sur le financement de la nouvelle maison commune et l'autre sur l'objectif d'atteindre 500 à 1 000 habitants. Aucune décision n'est prise tant que tous les participants à la réunion ne se mettent pas d'accord. Il faut donc parfois plusieurs semaines et un bon nombre de réunions pour parvenir à une décision concernant certains sujets délicats (le financement de la nouvelle maison communautaire en était un).
Voilà, en gros, comment ça fonctionne. Si vous voulez plus de détails, demandez-moi et je me ferai un plaisir de répondre :-)



Ah ! Pis pour ceux qui se demanderaient pourquoi je ne me suis pas connectée hier : c'était les jeux olympiques des wexers ! Au programme : lancé de bottes de paille, hula hoop, petit bac, etc. Voilà comment on a fini :

dimanche 19 juin 2011

Déja trois semaines...

Le temps passe vite !!! Je crois que je vais devoir écrire plus souvent si je veux avoir le temps de tout raconter...


 Donc, chose promise, chose due : le rocket stove ! Pour ceux qui ne savent pas ce que c'est et qui n'ont pas encore cherché sur Wikipédia, un rocket stove est un poêle économique, facile à construire et, paraît-il, efficient. Le nôtre est tout petit et ressemble à ça :

C'est "neighbour Tim" qui l'a construit avec trois boîtes de conserve et deux plats en métal. Plus simple, tu meurs !

Ce qui est plus compliqué, c'est de réussir le torchis qui le recouvre. Il faut trouver le bon mélange d'argile, de paille, de sciure et d'eau pour que ça tienne et que ça ne casse pas en séchant. Au premier essai, on avait mis trop d'eau et le torchis ne tenait pas. On a donc dû tout enlever et recommencer.

Une fois le torchis en place et avant qu'il ne sèche, on peut le décorer comme on veut (enfin... heu... presque...). Maya a décidé de faire des dessins avec des grains de maïs et des haricots. Le problème, c'est qu'on avait pas vraiment fait attention à la météo. Le poêle était sensé sécher en un jour ou deux, mais c'était sans compter une semaine plutôt... hem... humide...


Le maïs et les haricots se sont donc retrouvés dans un environnement tout à fait à leur goût et voilà ce que ça a donné :


Pas vraiment ce qu'on avait prévu, il faut le dire ! On verra ce que ça donne après utilisation. Promis, je vous tiens au courant !

Côté boulot, on a apprécié un bon boost psychologique dans la construction : on a commencé à couper les poutres ! Ça peut paraître pas grand chose, mais c'est une grosse avancée vers un peu d'élévation dans le projet. On a hâte que le chantier ressemble un peu plus à une maison et l'ossature bois sera un énorme pas dans cette direction. On se dévoue donc corps et âme à ces gros troncs d'arbre et on y travaille tous ensemble. Ça aussi, ça nous remonte le moral : c'est bien plus sympa de bosser tous les cinq ensemble plutôt que chacun de son côté.

Voilà donc comment on procède :
On commence par marquer les troncs d'arbre, pour savoir où couper. C'est pas super facile car, naturellement, les troncs ne sont pas droits. On doit donc tracer des lignes repère avec un fil couvert de craie.

Ensuite, on coupe à la scie. Chaque tronc d'arbre étant trop petit par rapport à la largeur de la maison, on en assemble deux pour chaque poutre. Le bout de l'un chevauche donc celui de l'autre. Hum... Je sais pas si c'est très clair... Attendez, je vous fais un dessin...

Vous voyez ce que je veux dire, maintenant ?

Donc, on coupe, puis on peaufine au ciseau. C'est super long, mais on espère qu'à force, on acquerra une certaine technique et qu'on ira plus vite. Parce qu'on a une dizaine de poutres comme ça et, pour l'instant, on n'en a fait qu'une en une semaine !
En attendant, c'est super agréable de travailler avec le bois ! C'est beau, ça sent bon et ça bouffe pas les mains comme le mortier !







Côté vie de la communauté. Encore plein d'activités ! Le souper communautaire de mardi a été suivi d'une session de contradance. C'était vraiment drôle ! Allez, je vous mets une vidéo pour que vous voyiez un peu ce que ça donnait...

Mercredi ou jeudi soir, je sais plus, Kim, de Red Earth Farm, la communauté voisine, fêtait son anniversaire. On s'est donc baladés sur leur terrain et on a contemplé le levé de la pleine lune, c'était super beau !

Bon, sur cette belle image, je vous quitte. J'ai une irrésistible envie d'aller plonger dans le lac !

Des bisous

PS : Vous avez sûrement remarqué mon magnifique fond de blog. C'est une œuvre d'Estelle et Rachid qui m'a fait énormément plaisir :-)

dimanche 12 juin 2011

Deuxième semaine : couché tard, levé matin...

Nouvelle semaine, nouvel horaire. On a commencé à travailler à 6h30, pour avoir une grande pause quand la chaleur devient insupportable. Du coup, comme je tiens à ma baignade matinale dans le lac, je me lève à 5h30. Le temps d'arriver au lac et le soleil se lève, c'est un vrai spectacle chaque matin ! C'est aussi l'heure à laquelle les serpents vont se baigner. Je n'étais pas rassurée au début, mais j'ai vérifié : ils ne sont pas venimeux. Heureusement, parce qu'on en a plein sur le chantier aussi. Ils viennent se réchauffer sous les bâches quand il y a du soleil.

Le chantier avance un peu trop lentement à mon goût. On utilise de gros blocs de béton récupéré qu'il faut assembler comme un puzzle et aplanir au burin. C'est super dur, mais je commence à prendre le coup de main et je finis par aimer ça. Après, on colle les blocs ensemble avec du mortier à la chaux. Ça aussi c'est super long, parce qu'on essaye d'économiser la chaux alors on doit trouver des cailloux de la bonne taille pour remplir le maximum de trous. Ça renforce la solidité du mur aussi. On fait le mortier à la main : 1 dose de chaux pour 3,5 doses de sable et un peu d'eau. Ça aussi ça prend du temps, parce qu'il faut éliminer tous les grumeaux. Mes mains sont toutes desséchées à cause de la chaux et la semaine dernière, comme j'ai fait du mortier pendant plusieurs jour d'affilé, j'avais même des trous dans la peau ! Pourtant, je portais des gants...
On doit aussi tamiser le gravier pour éviter qu'il y ait trop de sable qui s'infiltre dans les tuyaux d'évacuation de l'eau de pluie et ça c'est le boulot le plus chiant que j'ai jamais fait (à part l'usine de poulet, peut-être) !

Côté bois, Maya et moi avons épluché quelques troncs d'arbre. C'est pas super facile, mais une fois qu'on a pris le coup de main, c'est assez agréable. Pendant ce temps Dennis et Ken ont tracé des repères sur deux poutres pour savoir où on doit couper. J'espère pouvoir commencer à tailler dans le bois cette semaine, ça changera de la caillasse !



Et en plus du travail sur notre chantier, on participe aussi aux travaux communautaires (appelés work parties). Cette semaine, on a déplacé des toilettes sèches (qu'on voit sur la photo). On était une quinzaine à faire rouler le bâtiment sur des rondins, comme les égyptiens (j'ai pas de photo du processus, j'étais en train de pousser) !
On a aussi dû vider une remorque pleine de sciure, dont on se sert pour recouvrir vous savez quoi dans les toilettes sèches.

Ça c'est pour le boulot. Pour ce qui est de la vie en communauté, ben c'est presque comme un camp de vacance ! Y'a des trucs organisés presque tous les soirs et tout le weekend : soirées chant, repas communautaire (entre nous le vendredi et avec deux villages voisins le mardi), marché au puces... Samedi, on a mangé un cochon qui avait cuit toute la nuit dans la terre. C'était délicieux et on l'a apprécié d'autant plus que c'est rare de manger de la viande ici.
Le soir, c'est le "no talent show" : un spectacle participatif où chacun présente ce qu'il veut. C'était hilarant !

Aujourd'hui, on s'est baladés avec Ken, Maya et Morag, une autre wexer qui travaille pour le Mercantile (le B&B de DR), pour étudier les plantes du coin et cueillir celles qui sont comestibles. On a ramassé des marguerites (bon en salade paraît-il), du trèfle, de la bergamote et des orties. De quoi faire de bons thés !

Oh, au fait, vendredi on a construit un rocket stove. Vous ne savez pas ce que c'est ? Ben ce sera la surprise pour le prochain épisode. Parce qu'il est temps que j'arrête de faire ma geek devant mon écran et qu'on vient de m'inviter à jouer à un jeu dont je n'ai aucune idée de ce que ça peut-être alors ça m'intrigue...

Bonne semaine à tous !

dimanche 5 juin 2011

Première semaine à Dancing Rabbit

Hello tout le monde !

Me voilà enfin arrivée à Dancing Rabbit. L'électricité dans le bâtiment communautaire étant uniquement solaire, je ne peux pas recharger la batterie de mon ordinateur quand je veux (on fonctionne avec un code couleur : le temps est plutôt nuageux en ce moment, on est donc en mode "orange", ce qui signifie qu'on ne peut utiliser que ce qui est strictement nécessaire). Je ne pourrai donc pas alimenter ce blog très régulièrement, mais j'essayerai de faire de mon mieux.

Commençons donc par le commencement... Voici ma maison :
Je viens d'y faire un ajout que l'on ne voit pas encore sur la photo : une deuxième bâche pour me protéger un peu plus de la pluie, qui est souvent assez forte ici (eh oui, y'a des tornades et des ouragans dans le coin !). L'arbre sur la gauche (j'ai oublié son nom) a des énormes épines de jusqu'à 10cm de long, alors j'ai laissé tombé l'idée de marcher pieds nus.

Ça, c'est notre cuisine, que je partage avec Dennis et Sharon, le couple pour qui je travaille, Ken et bientôt Maya, mes deux co-wexers (i.e. work exchangers). On cuisine (végétarien et local) et on fait la vaisselle (à l'eau de pluie) à tour de rôle. On voit pas très bien sur la photo, mais on a constamment les pieds dans la boue ! On utilise un four solaire autant qu'on peut (mais le temps est très changeant, alors c'est difficile de savoir si le gâteau qu'on a commencé va pouvoir cuire jusqu'au bout), une cuisinière au propane et une marmite norvégienne.

Ça, c'est le bus scolaire qui sert de maison à Sharon et Dennis. Et devant, les troncs d'arbres qui vont servir de structure à leur future maison. J'ai hâte de travailler là-dessus (on devrait s'y mettre cette semaine). On les déplace sans machine, en s'y mettant tous. C'est fou ce qu'un tronc d'arbre peut être léger quand on est douze à le porter !


Sur ce, je dois vous laisser, ma batterie ne va plus tenir très longtemps. N'hésitez pas à me laisser des commentaires et des questions !

Des bisous à tous !