dimanche 22 décembre 2013

L’Uruguay est réputé pour être le pays le moins dangereux d’Amérique latine et c’est vrai que je m’y sens plutôt en sécurité... Enfin, ça, c’était jusqu’à samedi dernier, quand mes colocs et moi avons fait les frais de notre (trop ?) grande confiance...

Je me baladais avec Coline et Lisa, mes deux colocs françaises. On venait de voir une super expo de photos dans une petite librairie de la vieille ville. Un artiste de Montevideo qui avait décidé de prendre une photo par jour pendant toute l’année 2012. On est sorties de là inspirées et encore plus amoureuses de cette ville. On fait donc un petit détour par la rambla pour rentrer chez nous, le nez en l’air et l’appareil photo à la main.



On passe alors au coin d’une rue toute jolie, avec des maisons de couleurs, des plantes grimpant le long des murs et des pots de fleurs en boîte de conserve. Je l’avais déjà repérée et ajoutée à ma liste des choses à dessiner à Montevideo. On décide de s’y aventurer. L’ambiance a l’air plutôt familiale. Des amis partagent le maté sur un banc, des voisins discutent au pas d’une porte. Mais on a un peu l’impression de faire une intrusion dans un lieu privé. Les gens nous regardent avec plus d’insistance qu’ailleurs. J’ai d’instinct rangé mon appareil photo dans mon sac. 


À mi-hauteur, deux gars s’approchent de nous en nous demandant l’heure. Le temps de se dire que ce n’est peut-être pas le meilleur endroit pour sortir son portable et regarder l’heure, l’un des gars s’est déjà emparé du sac de Coline, tire brusquement dessus et part en courant avec son butin et son compère. On les regarde s’éloigner, hébétées, sans savoir quoi faire. Personne ne réagit dans la rue, à part une femme qui nous demande ce qui s’est passé et nous dit « allez-vous-en ! » On se dirige donc, un peu choquées, vers la maison pour que Coline appelle sa banque pour faire opposition sur sa carte avant d'aller porter plainte au commissariat.


Montevideo nous paraît tout à coup beaucoup moins accueillante, même si cela aurait aussi bien pu nous arriver à Paris ou à Marseille. Le pire, outre la perte pour Coline de son sac, sa carte de crédit, son portable et son appareil-photo, c’est le sentiment de vulnérabilité, la sensation désagréable de ne pas pouvoir se promener librement où on veut. D’un autre côté, cette mésaventure nous aura peut-être appris à mieux écouter notre instinct...



jeudi 12 décembre 2013

Noël à 30°C

Difficile pour une Française de se dire que Noël approche... quand il fait 30°C dehors ! Surtout qu’ici, il n’y a pas beaucoup de matraquage commercial autour des fêtes et en général. Les gens parlent de leurs prochaines vacances à la plage plus que des cadeaux qu’ils ont achetés.
Quelques indices m’ont cependant mis la puce à l’oreille comme, le plus flagrant, le sapin de Noël géant installé sur une place du centre ville (ah chaque fois que je passe devant, je me dis « ah oui, c’est vrai, j’avais oublié... »).
L’autre indice, que je n’aurais pas pu décrypter si je n’en avais pas déjà entendu parler, ce sont les mannequins faits de vieux vêtements rembourrés (de papier journal, si j’en crois mes sources), accompagnés d’enfants demandant « una monedita para el Judas » (une petite pièce pour le Judas). Les enfants réunissent ainsi un petit pactole, qu’ils dépensent la veille de Noël en feux d’artifices et, le 25 décembre à minuit, ils brûlent le Judas et la ville se transforme, paraît-il en vrai spectacle pyrotechnique (avec son lot d’accidents, soit dit en passant). Je vous raconterai tout ça, si je ne suis pas victime d’un accident de fusée...

En attendant, les semaines précédent Noël, ici c’est plutôt pique-nique au parc, asado (barbecue), plage, ciné en plein air et balades le long de la rambla...



Sur ce, je vous laisse pour aller manger un asado !


jeudi 5 décembre 2013

Un aperçu de Buenos Aires

Toutes mes excuses pour avoir « séché » le blog jeudi dernier. J’avais la tête à autre chose et l’inspiration m’a fait défaut. Pourtant ce ne sont pas les activités qui ont manqué. Je suis notamment allée visiter Colonia, une petite ville à l’ouest de Montevideo, avec une petite bande d’amis couchsurfeurs. Colonia est, comme son nom l’indique, une ancienne colonie portugaise absolument charmante. On en a vite eu fait le tour, mais c’était un vrai plaisir de prendre le temps de flâner dans la vieille ville fortifiée aux rues pavées et arborées.



Colonia fait face à Buenos Aires et c’est là que j’ai passé le week-end dernier. Le contraste avec Montevideo est assez frappant. Buenos Aires est vraiment une grande ville, très animée avec beaucoup plus de circulation qu’à Montevideo. On a d’ailleurs pris un taxi qui connaissait la taille de sa voiture au millimètre près et frôlait donc les autres véhicules à toute berzingue, qui ne mettait pas sa ceinture le dimanche et qui utilisait son GPS pour... regarder la télé ! Tout un poème !


Nos préparatifs du week-end s’étaient résumés à réserver une chambre d’hôtel et acheter les billets de bus jusqu’à Colonia et de bateau pour traverser le Rio de la Plata. Et tout compte fait, je me dis que la meilleure façon d’organiser un week-end à Buenos Aires, c’est de ne pas l’organiser ! La ville regorge de surprises et j’aurais été déçue de ne pas pouvoir en profiter parce que j’aurais prévu une autre activité. Il y a des marchés d’artisans dans tous les parcs et des festivals en tout genre apparaissent là où on les attend le moins. La suite en images (et pour ceux qui ne le sauraient pas encore, vous pouvez toujours cliquer sur les photos pour les voir en plus grand)...



La Place de Mai

La Casa de Govierno ou Casa Rosa. Ils auraient mélangé du sang de bœuf à la chaux pour la protéger des intempéries.

Mates sur le marché de San Telmo

En pleine ville...

Caminito
 


jeudi 21 novembre 2013

Semaine intense pour moi. J’ai du travail de relecture en plus de mes traductions habituelles et je dois m’en occuper tard le soir ou tôt le matin à cause du décalage horaire avec l’Europe et Dubaï. En plus de ça, je commence à avoir pas mal d’amis ici et je n’ai donc pas pu m’empêcher de sortir tous les soirs. Moi qui ai besoin de mes neuf heures de sommeil par jour, j’ai un peu du mal à suivre le rythme. Du coup, mon article de la semaine va être court. Surtout que j’ai rendez-vous pour sortir dans une demi-heure. Je me contenterai donc d’une anecdote :

Dimanche, on est allés déjeuner au marché du port. C’est un marché couvert, connu pour ses restaurants de grillades. Je n’ai pas l’habitude de me bâfrer de viande, mais quand il s’agit d’une coutume locale, je me laisse facilement convaincre. On s’est donc commandé une montagne de steaks, côtelettes, saucisses, boudin noir et autres morceaux non identifiés, accompagnés de légumes grillés et de frites bien grasses. Et là, alors que je saupoudrais mes frites d’une bonne dose de sel, j’ai découvert une nouvelle profession, quelqu’un qui avait admirablement su combler une niche par encore exploitée : il se frayait un chemin entre les tables, armé d’un tensiomètre et proposait aux clients, occupés à venir à bout de leur pyramide de barbaque luisante de graisse, de prendre leur tension. Y’a des jours, comme ça, où on rencontre des génies...

Allez, je vous mets quand même une petite photo, juste parce que c'est vous. J'ai pu observer de prêt hier soir comment l'Uruguay se qualifiait pour la coupe du monde sans rien faire. C'est quand même un comble d'aller au stade en Uruguay et de ne pas voir un seul but !

Soy celeste...

vendredi 15 novembre 2013

Carnaval et football

Encore un peu de musique au programme de cette semaine. Je suis allée avec les filles voir les présélections des groupes qui joueront pendant le carnaval. Eh oui, le carnaval n’est pas l’apanage du Brésil ! Ici, il dure 40 jours, de fin janvier à fin février. Les Uruguayens déclarent fièrement que c’est le plus long du monde. Bizarrement, personne ne m’a affirmé que c’était le plus beau. Je crois que le voisin brésilien et difficile à battre à ce niveau-là. Je ne serais plus là pour juger, mais j’espère quand même pouvoir assister aux premiers jours de la fête et, en attendant, je me contenterai des répétitions.

Les présélections étaient... surprenantes ! Il faut savoir que le carnaval ici n’est pas simplement un défilé. Des scènes, appelées tablados, sont éparpillées un peu partout dans la ville et s’y succèdent plusieurs genres de présentations : les revistas, les humoristas, les parodistas et les murgas. Les revistas sont des spectacles de danse. Celle à laquelle ont a assisté ressemblait à un mauvais remake de Fame. Il faut dire qu’ils ne portaient pas leurs costumes de carnaval, ce qui devait leur ôter une partie de leur charme. Les humoristes présentaient une sorte de sketch digne d’un spectacle de fin d’année niveau collège, dans lequel se succédaient les blagues Carambar et j’étais presque contente de ne pas tout comprendre à cause de l’accent. Les parodistas tenaient plus de la pièce de théâtre, en l’occurrence, un remake des Trois mousquetaires qui ne cassait pas non plus trois pattes à un canard. Bref, le seul genre que nous avons apprécié, c’était les murgas : chœurs d’hommes interprétant en chanson et avec humour les évènements politiques et sociaux de l’année. Pour le coup, on a regretté de ne pas tout comprendre. En voici un extrait en vidéo (encore une fois, veuillez m'excuser pour la mauvaise qualité) :



Deuxième événement de la semaine : le match de foot Jordanie-Uruguay (match aller des qualifications pour la coupe du monde 2014, pour ceux qui ne sont pas au courant). Pour vous donner une idée de l’importance du foot en Uruguay : c’est le seul type d’évènement pour lequel les Uruguayens arrivent à l’heure, voire carrément en avance ! La rue principale de la capitale était fermée pour que les habitants puissent assister au match sur écran géant (pour les mots « principale », « capitale » et « géant », remettez ça à l’échelle de l’Uruguay dans votre imagination, hein, ne vous imaginez pas une foule de 500 000 personnes devant un écran de 10 m de large sur les Champs-Élysées). Le bleu et blanc était de mise (et le thermos sous le bras et maté à la main, cela va sans dire) et tout le monde était assis sur la chaussée, malgré les rayons foudroyants du soleil de l’été qui est enfin arrivé. L’Uruguay a gagné 5/0. Je suis contente, car mes colocs et moi avons acheté des billets pour le match retour et l’ambiance au stade est donc garantie !



jeudi 7 novembre 2013

La Liverpool d’Amérique latine


Et voilà ! Ce qui devait arriver arriva : je suis encore tombée amoureuse d’une nouvelle ville ! Montevideo a tout des villes qui me plaisent et me fait beaucoup penser à Liverpool en bien des aspects :


- Le fait que ce soit une ville portuaire, d’abord. Le port de commerce est en plein centre-ville et moi qui aimais déjà voir les grues charger les cargos, depuis la traversée, j’ai carrément un pincement au cœur dès que j’aperçois un conteneur ! Et ici, on les aperçoit de chaque coin de rue !

- Le côté « gloire déchue », ensuite. Les vieilles maisons style Art déco toutes décrépies, les bâtiments grandioses grisés par le temps, les azulejos ternis et ébréchés, etc. Et les vieilles voitures des années 60 aussi, qui sont très nombreuses et toutes plus belles les unes que les autres. On croise même encore beaucoup de charrettes à cheval, utilisées par les personnes qui vivent du recyclage et vont de poubelle en poubelle à la recherche de plastique, de métal et de tout ce qui peut encore servir. J’ai vraiment l’impression de remonter dans le temps !




 - L’importance de la culture, aussi. Ici, tout le monde semble aimer parler d’art et de littérature. Il y a beaucoup de librairies et de bouquinistes, dont certains pleins de caractère, où les livres se mêlent aux plantes vertes sur plusieurs mètres de hauteur. Les musées sont presque tous gratuits et le théâtre et les concerts sont accessibles à tous à des prix souvent dérisoires. Montevideo est d’ailleurs la capitale latino-américaine de la culture en 2013 (tout comme Liverpool était la capitale européenne de la culture quand j’y habitais).

- La gentillesse de la population, enfin. Je crois qu’on ne m’a jamais autant souhaité la bienvenue. Les gens sont vraiment accueillants. Personne n’a l’air stressé. Chacun vaque à ses occupations, le thermos sous le bras et le maté à la main (vraiment partout : dans la rue, dans le bus, au travail, etc. l’Uruguayen ne se sépare pas de son maté !) et il règne une atmosphère de village (avec moins d’un million et demi d’habitants, Montevideo est une petite capitale).




Bref, je suis tombée sous le charme dès les premiers jours ! Il faut dire que mes colocs (trois Uruguayens et deux françaises) m’ont extrêmement bien accueillie et m’ont tout de suite mise dans le bain de la vie montévidéenne. Avec les filles, on est allées au marché qui a lieu deux fois par semaine à une ou deux rues de la maison, puis Bruno et Lisa m’ont un peu montré le centre-ville et le soir, Bruno  m’a accompagnée à un concert de musique klezmero-uruguayenne (eh oui !) où on a retrouvé quelques couchsurfeurs. Le dimanche, Bruno et les filles m’ont fait découvrir le marché Tristan Narvaja. C’est tout un quartier qui se transforme une fois par semaine en grand marché, avec quelques étals de fruits et légumes et des vendeurs d’animaux (du chien à la poule en passant par la mygale), mais surtout un marché aux puces où on trouve de tout : des antiquités plus ou moins antiques, des tournevis rouillés, des matés en sabot de bœuf, etc. Le soir, on a assisté à la répétition des llamadas pour le carnaval qui aura lieu en février (pendant 40 jours ! C’est le plus long du monde!). Plusieurs comparsas (groupes de percussionnistes) défilent dans les rues du quartier noir et s’appellent les unes les autres au rythme du candombe.





PS : pour ceux qui veulent voir des photos de ma nouvelle maison, c’est ici !

mercredi 30 octobre 2013

Dernière semaine à Florianopolis. Départ pour Montevideo demain, en bus : 21h de route. Je suis triste de quitter mes nouveaux amis et la bonne ambiance du groupe couchsurfing de Floripa, mais j’ai bien hâte de découvrir une nouvelle ville et une nouvelle culture.

Cette dernière semaine, c’est surtout la vie nocturne de Santa Catarina que j’ai découvert, et plus précisément la culture musicale. Vendredi, je suis allée à une soirée forró, une musique et une danse typique du Brésil. On peut dire que je n’étais pas vraiment dans mon élément. C’était dans un bar où tout le monde vient spécialement pour danser. Et dans les règles de l’art, s’il vous plaît. Et comme ça se danse à deux, impossible de faire n’importe quoi, car les pieds du partenaire risquent de souffrir. Deux mecs ont tenté de me faire danser, les deux ont abandonné ! Je me suis fait une raison et je me suis contentée de regarder.


Le lendemain, Márcio, un couchsurfeur, organisait un barbecue. La viande était bien sûr délicieuse et, détail insolite, ici ils la trempent dans de la farofa, la farine de manioc frite qui accompagne également la feijoada. Étonnant, mais pas mauvais.
Nous sommes ensuite tous allés dans un bar de Lagoa da Conceição, où les reprises de bon vieux rock m’ont fait me sentir plus à l’aise que la veille !

Dimanche, c’est un incontournable de la culture brésilienne que j’ai découverte : la samba. La soirée avait lieu dans une vieille cabane de pêcheurs açorienne transformée en bar et l’ambiance y était beaucoup plus décontractée qu’à la soirée forró. Il y avait foule, mais même serrés comme des sardines, les Brésiliens arrivent à danser à deux. Il y avait des gens de tous les âges, de tous les milieux sociaux et de toutes les couleurs. Il y avait tellement de monde que je pouvais danser n’importe comment, personne ne s’en rendait compte. À part mon partenaire, bien sûr, mais grâce à un jeune homme très patient, j’ai réussi à faire quelques pas qui ressemblaient à quelque chose ! Même les serveurs dansaient et accompagnaient le groupe en marquant le rythme avec les ustensiles de cuisine. Cette soirée restera un de mes meilleurs souvenirs de Florianópolis ! Voici un extrait en vidéo de très mauvaise qualité... on fait ce qu’on peut...



Pour conclure ce mois au Brésil, je vais tenter de faire un petit récapitulatif de ce qui m’a surpris (ou pas) ici, des clichés qui sont tombés et de ceux qui se sont avérés vrais. Je dois préciser avant tout que l’État de Santa Catarina, de par sa richesse et sa forte influence européenne, n’est pas très représentatif du Brésil en général. On y parle de foot et on y danse la samba, mais les inégalités sociales n’y sont pas flagrantes et la crise n’a pas l’air de s’y faire sentir. Je ne parlerai donc pas des Brésiliens, mais des « gens d’ici », ceux que j’ai rencontrés.


- Les gens d’ici sont vraiment chaleureux. On se salue par une bise et une accolade pleine d’affection, on se sourit, on ne fuit pas le contact physique. Il n’y a pas d'« espace vital » à respecter comme en France.

- La drague semble être ici un art de vivre. Et on ne passe pas par quatre chemins. Les approches sont directes et personne ne semble chercher le grand amour, mais plutôt le plaisir du moment. J’ai d’ailleurs rencontré pas mal de mères célibataires par choix, heureuses de vivre des relations libres sans engagement. Et ce n’est pas une question de génération : la mère de mon hôte couchsurfing et ma propriétaire, qui doivent toutes deux avoir la cinquantaine, m’ont incitée à me trouver un copain temporaire, histoire de profiter au mieux de mon séjour !

- Les strings sur la plage sont bel et bien monnaie courante.

- Les gens d’ici ADORENT les photos de groupe. Que ce soit lors d’une soirée entre amis ou d’une balade sur la plage, on ne part pas sans s’être pris en photo tous ensemble.



- Ici, il y a des tourniquets comme dans le métro dans tous les bus.

- Les gens d’ici installent des prises électriques en plein milieu des murs. Je n’ai pas encore compris pourquoi.


- Ici, les pièces de monnaie d’une même valeur peuvent être différentes et certaines de valeurs différentes peuvent être fortement similaires. Juste pour embêter les étrangers.



- La pub à la télé est particulièrement agressive. Il y a même des flashs de pub d’1/4 de seconde : en plein milieu d’un programme, une photo de parfum apparaît, tellement vite qu’on n’a même pas le temps de lire la marque. Il n’est pas rare non plus de voir un présentateur faire de la pub pour de la lessive en plein milieu d’une émission qui n’a rien à voir ou les acteurs d’une série se rendre au supermarché et vanter les nombreuses qualités d’une marque de plats préparés pendant trois bonnes minutes !

- Les gens d’ici peuvent réellement parler de foot pendant dans des heures. Mais il ne faut pas croire, on rencontre aussi des Brésiliens qui n’aiment pas le foot.



- Ici, il peut crachiner toute la journée comme en Bretagne.

- Les gens d’ici sont optimistes. Quoi qu’il arrive, tout va bien se passer.


Ma ruelle. Et au bout, derrière l'arbre, la lagune et les montagnes.

jeudi 24 octobre 2013

Il pleut toujours sur Floripa. Je commence à me faire à l’idée de bientôt quitter l’île sans en avoir découvert tous les secrets. Tant pis, j’aurais au moins rencontré ses habitants, ce qui est le but principal de mes voyages !

Samedi dernier, j’ai quand même pu découvrir Santo Antônio de Lisboa, grâce à Tiago, un couchsurfeur qui s’est proposé de m’y emmener avec un couple d’amis. Santo Antônio est un district charmant du nord-ouest de l’île de Santa Catarina, avec de belles maisons açoriennes, des cabanes de pêcheurs, des restaurants de fruits de mer et une vue magnifique sur le continent et sur le vieux pont de Florianópolis. On y a retrouvé d’autres couchsurfeurs qui se partageaient une sorte de hachis parmentier aux fruits de mer qui faisait bien envie, dans un resto les pieds dans l’eau. On les a accompagnés en mangeant quelques huîtres. C’est une des spécialités de l’île, mais c’était une expérience décevante. Elles étaient fraîches, mais servies avec des glaçons et donc, vidées de leur jus iodé. Si c’est pas malheureux !

On s’est ensuite dirigés vers le nord de l’île pour atteindre le Fort de São José da Ponta Grossa au coucher du soleil, après avoir traversé les quartiers riches aux maisons dignes du Prince de Bel Air. Le fort était fermé, mais le coucher de soleil sur la plage était magnifique. Ensuite, tout le monde est rentré chez soi pour manger. L’idée était de se retrouver après pour sortir, mais moi, à 23h, si je ne suis plus dans l’ambiance, impossible de me motiver pour autre chose qu’aller me coucher !

Dimanche, ma proprio m’avait invitée pour manger une feijoada chez elle. Pour éviter les embouteillages, elle m’avait proposé de passer me prendre dès 9h du matin. J’ai donc bien fait de me coucher tôt, car il faut être en forme pour s’attaquer à une feijoada ! C’est le plat typique du Brésil par excellence. Inventée par les esclaves, à qui les colons ne laissaient que les parties « indésirables » du porc, elle se compose de porc, donc (queue, oreilles, peau, pattes, os... tout est bon dans le cochon!), de haricots noirs, de riz (élément omniprésent dans tout repas brésilien), de légumes (carotte, patate douce, manioc, chou) de farofa (un accompagnement à base de farine de manioc) et de morceaux d’orange « pour faciliter la digestion ». Heureusement pour moi, chaque famille arrange un peu la feijoada à sa façon et Ana María préfère remplacer les queues, oreilles et autres extrémités de porc par des morceaux un peu plus nobles. Si vous voulez essayer, voilà une recette, un peu différente de celle que j’ai goûtée, mais qui a l'air d'avoir fait ses preuves.


jeudi 17 octobre 2013

Me voilà de nouveau avec un rhume. Je ne me suis pas encore acclimatée, littéralement parlant. La température oscille pourtant entre 20 et 25 °C, mais l’île est constamment balayée par le vent et j’ai du mal à accepter l’idée que j’ai beau être au Brésil, il faut quand même que je couvre mon décolleté ! J’espère que ça va aller mieux pour les deux semaines qui me restent ici, car pour l’instant, j’ai un peu l’impression de passer à côté des attraits de l’île.


Le week-end dernier, c’est sur le continent que je l’ai passé. Le groupe des couchsurfeurs avait loué un bus pour aller à l’Oktoberfest de Blumenau, à 3 h de route de Florianópolis. Fondée en 1850 par des Allemands, la ville conserve encore ses maisons à colombage, sa brasserie et sa gastronomie bavaroise. Sa fête de la bière attire des gens de tout le Brésil et, d’après Wikipédia, ce serait la plus grande fête populaire du pays après le Carnaval de Rio ! Il y avait en effet beaucoup de monde... et beaucoup de bière !



La bière coulait d’ailleurs déjà à flots dans le bus et l’ambiance était à son comble. Moi qui pensais dormir un peu pour prendre des forces pour la nuit blanche qui s’annonçait... Nous arrivons juste avant le défilé. Je m’inquiète de ne rien y voir à cause de la foule qui s’agglutine le long des barrières. « Vai dar certo », me répond un couchsurfeur. C’est un peu le credo brésilien : on ne s’inquiète pas, quoi qu’il arrive on va bien s’amuser. Et c’est vrai que, si je n’ai pas pu prendre beaucoup de photos du défilé, le public était déjà un spectacle en soi.


À la nuit tombée, nous nous dirigeons vers la Vila Germânica, une grande salle de spectacles divisée en trois secteurs pour l’occasion, chacun avec sa scène et ses buvettes, le tout entouré de ruelles bordées de maisons à pans de bois. On s’y croirait ! Bon, ce n’est pas vraiment pour faire des découvertes musicales que l’on assiste à l’Oktoberfest de Blumenau : ce sont les mêmes chansons qui se succèdent en boucle, entrecoupées de bonnes vieilles reprises du genre « I will survive ». Mais personne ne s’en plaint et tout le monde joue le jeu et danse et chante comme si c’était le meilleur concert de l’année. Ce que j’ai particulièrement adoré : les vidéos qui passaient sur écran géant à l’arrière d’une des scènes. Ils avaient dû prendre les premières vidéos trouvées sur le site d’un office de tourisme allemand : visites de chambres d’hôtel, inconnus avec des valises et, must du must, photos des toilettes d’un train de la Deutsche Bahn ! Magnifique !




vendredi 11 octobre 2013

Cette semaine a été plutôt calme. J’ai mis quelques jours à me remettre de mon rhume, qui ne m’a pas laissée vraiment profiter de ma première soirée couchsurfing en territoire brésilien. J’ai aussi eu pas mal de boulot. Eh oui ! J’ai beau être sous les tropiques, je ne suis pas en vacances !

J’ai quand même profité de mon dimanche pour aller explorer la lagune au bord de laquelle se trouve ma petite maison. J’ai pris un bateau qui s’arrêtait régulièrement à des pontons, sortes d’abris-bus sur pilotis, unique accès à la civilisation des habitants de la rive ouest de la lagune. Sur les conseils du gars du bateau, je suis descendue à l’arrêt 17, qui donnait accès à un sentier qui serpentait entre les maisons en bois colorées typiques des Açores (parce que, pour la  minute historique de ce blog, il y a eu une importante immigration açorienne sur l’île de Santa Catarina au XVIIIe siècle) et les forêts d’énormes bambous et leur harmonieuse mélodie (quelque chose entre la maison hantée et les mobiles zen). Je pensais reprendre le bateau un peu plus loin pour rentrer, mais, charmée, j’en ai oublié que je n’étais qu’en sandales et j’ai poursuivi le sentier pendant près de cinq heures, jusqu’à arriver chez moi !



Lundi, après trois jours en solitaire, je décide de prendre les choses en main : j’invite un couchsurfeur argentin à la dernière minute et j’organise une soirée crêpes pour le mercredi. Impossible de trouver de la farine de sarrasin ici. Les crêpes salées seront donc au froment. Impossible également de trouver une poêle adaptée, mais les Brésiliens font encore une fois preuve d’une grande solidarité et chacun fouille dans ses placards et me propose ce qui lui semble
répondre au cahier des charges (grande, plate, qui ne colle pas... j’avais oublié de mentionner l’importance de la poignée adaptée, ce qui me vaudra quelques brûlures). Résultat : la soirée est un succès ! Je savais que les crêpes étaient une valeur sûre pour se faire des amis, mais c’est surtout la chaleureuse sympathie de mes quinze invités qui aura fait toute l’ambiance. Les gens d’ici ne sont pas avares en embrassades, accolades, bisous et sourires et c’est bien agréable !

La soirée du lendemain est bien différente. Je retrouve Sebb, mon camarade de traversée et, après l’avoir alimenté de quelques crêpes, je l’embarque pour une splendide immersion dans le système de transport en commun de l’île. L’objectif est d’atteindre la soirée Couchsurfing organisée dans un bar situé dans le quartier de Trindade, entre Lagoa da Conceição et le centre de Floripa. Problème : c’est la première fois que je prends le bus ici et il ne semble pas exister de plan des lignes. Après avoir interrogé les voisins qui me disent qu’il suffit de prendre un bus vers le centre, nous partons plus ou moins confiants. Le bus que nous prenons nous dépose à Trindade, mais à l’autre bout du quartier. Nous marchons un peu, jusqu’à nous rendre compte qu’à pied, nous n’arriverons jamais avant la fermeture du bar. Nous interrogeons donc le chauffeur d’un autre bus quin’a pas trop l’air de connaître l’endroit où nous allons. Heureusement, les bus ici ont un receveur en plus du chauffeur et le nôtre est équipé d’un smartphone et d’une grande bienveillance. Il recherche donc l’adresse et nous explique que nous devons faire la route avec eux jusqu’au terminus, dans le centre de Floripa, puis les accompagner sur le trajet inverse qui nous déposera tout près du bar. Nous partons donc pour une visite nocturne de la ville et arrivons au bar à minuit passé, juste le temps de prendre une bière avec les quatre couchsurfeurs qui ne sont pas encore rentrés se coucher. Heureusement, Tiago, qui habite à Trindade, a eu pitié de nous et nous a proposé de faire un aller-retour à Lagoa pour nous ramener. Décidément, les Brésiliens sont un exemple de serviabilité !



jeudi 3 octobre 2013

Première semaine au Brésil. La chaleur n’est pas vraiment au rendez-vous et je viens de passer une journée clouée au lit avec de la fièvre. Pas facile quand on vient d’aménager toute seule dans une ville inconnue à l’autre bout du monde ! Heureusement qu’il y a les fameuses novelas pour me tenir compagnie !


Les Brésiliens, par contre, n’ont pas failli à leur réputation de peuple accueillant. À Santos, j’ai été reçue comme une princesse par Max et Fernanda, qui m’ont fait découvrir leur ville et m’ont aidé avec mon portugais hésitant et mes premières démarches (acheter une carte de téléphone dont je n’ai pas encore compris toutes les conditions et un billet de car pour Florianópolis). Ça a été une entrée plutôt cosmopolite et mes hôtes ont bien ri quand ils se sont rendu compte qu’ils m’avaient emmenée à un bar Australien dans une voiture française après avoir mangé chinois ! Que voulez-vous, la mondialisation est partout !



J’ai quand même eu l’impression d’être entrée dans un film brésilien. Tous les clichés étaient là : les joggeurs sur la promenade qui longe la plage, les enfants multicolores qui jouent au foot pieds nus dans le sable, les rangées d’immeubles, les collines à la végétation luxuriante qui encadrent la plage, l’appartement au dixième étage avec vue sur le front de mer, le gardien présent 24h/24 et qui ouvre le portail avant même qu’on ait avancé la main pour sonner, les bars de plage qui diffusent de la samba et vendent des noix de coco avec une paille, « l’employée » qui vient faire le ménage et la cuisine (apparemment, c’est courant ici dans les foyers de classe moyenne). Ne manquaient que les bidonvilles, qui semblent laisser Santos aux plus aisés et préfèrent s’agglutiner autour de São Paulo.

Le samedi soir, j'ai pris le car pour Florianópolis. J’ai choisi la classe moyenne pour quelques euros de plus que le bas de gamme et c’est bien plus confortable qu’Eurolines ! Un mal de ventre soudain me fait craindre le pire, mais je finis par m’endormir jusqu’à être réveillée par mon voisin une fois arrivée à destination.

Fernando, un couchsurfeur qui a proposé de m’héberger sans même que je lui en fasse directement la demande, vient me chercher à la gare routière. De père paraguayen, il ne se sépare pas de son thermos et son maté. Il habite avec sa maman dans une maison les pieds dans l’eau à São José, la banlieue de Floripa. Tous deux sont absolument adorables et j’ai tout de suite l’impression de faire partie de la famille. Ils me trouvent, le soir même, une petite maison à louer à Lagoa da Conceição, un quartier très animé où on m’avait conseillé de m’installer, et me proposent même de me prêter un vélo pour le mois ! Je peux donc passer mes premiers jours ici à me reposer et travailler tranquillement sans me soucier de la suite.



Plusieurs autres couchsurfeurs se sont aussi proposés, un peu tard, de m’héberger. J’ai donc déjà pas mal de contacts dans le coin et, ce soir, c’est le rendez-vous hebdomadaire des couchsurfeurs. Un étudiant français a proposé de m’y emmener. Je vais donc ignorer ma toux, mon nez qui coule et mon envie de m’enterrer sous ma couette et aller user de ma « sympathie naturelle » (dixit Sébastien) pour me faire quelques nouveaux amis !

"Ne dors pas sur les chemins de la vie !... ils sont faits pour être suivis."

jeudi 26 septembre 2013

La traversée


Me voilà arrivée à Santos, hébergée par Max et Fernanda, un couple de couchsurfeurs, dans un bel appartement avec vue sur la mer. Je devrais voir passer le Sambhar d'ici une à deux heure. Je verserais sans doute une petite larme à le voir partir sans moi.


La traversée n’aurait pas pu mieux se passer. Ça a été onze jours magiques de découvertes d’un monde très particulier, de farniente et de parties de cartes endiablées. C'est le cœur serré que j'ai dû dire au revoir à l'équipage et à mon co-passager. Je serais bien restée à bord pour un tour du monde avec toute cette équipe !

 

La montée à bord a été un vrai parcours du combattant. L’agent portuaire m’avait dit au téléphone qu’il fallait que je passe par le service d’immigration avant d’embarquer. Mais il avait été incapable de m’indiquer où se trouvait ce service ou de me donner une adresse. J’ai donc parcouru les docks en long et en large, avec mon gros sac sur le dos. Détail incongru : une scène d’un film se passant en France dans les années soixante, je dirais, était en train d’y être tournée. Un des bâtiments du port avait été transformé en gendarmerie nationale, et des gens se baladaient en costume d’époque et dans de vieux taxis rouges, avec pour toile de fond, le CMA CGM Sambhar en plein chargement.

 
L’agent de l’immigration a à peine jeté un œil à mon passeport et l’officier qui m’a accueillie à bord du Sambhar n’a pas été très regardant non plus. On m’a conduit à ma cabine et servit un bon repas dans le mess, puis j’ai passé l’après-midi à découvrir le bateau, qui n’a quitté Lisbonne que vers minuit.



Nous étions seulement deux passagers. L’autre, Sébastien, était un français qui allait parcourir l’Amérique à vélo. Nous nous sommes très bien entendus : nous vaquions à nos occupations chacun de notre côté, et nous nous racontions nos découvertes à chaque repas, que nous partagions en tête à tête entre la table des officiers et celle des machinistes. Sébastien me faisait mourir de rire avec son humour souvent teinté d’autodérision et on n’entendait généralement que nous dans le mess.

Nous avons eu la chance de tomber sur le capitaine le plus cool de la compagnie. C’est ce que m’ont dit les machinistes et je n’ai aucun mal à les croire. Nous avions accès libre à la passerelle, où le capitaine et les officiers de quart se faisaient un plaisir de répondre à toutes nos questions. J’ai donc appris quelques bases de la navigation : priorité à droite, comme en voiture, on accélère dans les zones fréquentées par les pirates (au risque de se faire enguirlander par la compagnie qui fait la chasse au « gaspillage » de carburant) et, parfois, on embroche une baleine sans le vouloir
(croyez-le ou pas, mais le capitaine était très sérieux quand il m'a raconté ça). Le capitaine nous fait part de sa nostalgie du temps où la position des cargos n’était pas constamment contrôlée par les compagnies et qu’il pouvait faire un petit détour pour passer plus proche des îles et des côtes et ralentir un peu pour pouvoir pêcher. Maintenant, le temps et le carburant sont comptés et il doit des explications pour le moindre petit retard.




L’équipage est en partie Croate et en partie Philippin et on ne se mélange pas. La différence culturelle est trop grande, selon les Croates, qui préfèrent jouer à la briskula (un jeu avec des cartes italiennes) plutôt que de faire des soirées karaoké. Le régime alimentaire n’est pas le même non plus : riz et viande ou poisson à l’aigre-doux pour les Philippins, repas européens pour les Croates et les passagers. Et on se régale ! Un exemple de menu : soupe et salade en guise de mise en bouche, toast de saumon fumé en entrée, risotto de fruits de mer à l’encre de seiche en plat de résistance et banana split en dessert. Heureusement qu’il y a un gymnase avec vélo stationnaire et rameur pour faire passer tout ça !

La langue à bord est l'anglais, avec plus ou moins d'accent selon les interlocuteurs. Mais les apartés en croate sont courants et souvent suivis d'éclats de rire, ce qui m'a fait regretter de ne rien connaître de cette langue.

J’ai aussi visité la salle des machines (ou plutôt l’immeuble des machines, car ça s’étend sur cinq étages). Impressionnant, surtout quand Danko, l’ingénieur électricien, explique comment telle ou telle machine pourrait exploser et telle ou telle autre nous couper une jambe ! Mais je n’ai peur de rien et je m’y suis installée un bon moment pour dessiner des pompes, des gros tuyaux, des boulons, etc. Un régal à l’encre aquarellable !

Une fois en mer, lorsque toutes les manœuvres de déchargement et de chargement sont terminées, nous sommes également autorisés à nous promener librement à l’extérieur. Le capitaine fait même installer une chaise longue sur le château de proue pour que je puisse y faire bronzette 
et rebaptise l’endroit « la plage ». Il demande à l’équipage de m’y laisser tranquille. Il n’hésite pas, par contre, à y venir me faire subir le baptême du passage de l’équateur : un bon seau d’eau glacée au moment où je m’y attends le moins. Je pense que je n’oublierai jamais l’image de ce capitaine, en slip de bain orange, portant son seau de plage avec des petits poissons et des étoiles de mer dessinées dessus ! Mon seul regret est de n’avoir pas osé le prendre en photo !

Le château de proue est non seulement extrêmement tranquille, car éloigné du bruit du moteur, mais c’est également le meilleur endroit pour observer les poissons volants qui fuient le mastodonte que nous sommes, les mouettes qui en profitent pour se faire un festin et les dauphins qui viennent s’amuser avec la quille en une gracieuse nage synchronisée. J’ai aussi vu plein de baleines en approchant des côtes brésiliennes et j’ai même aperçu un requin marteau pendant quelques secondes (alors que le capitaine disait qu’il ne voyait en moyenne un requin que tous les cinq ans) !


Pour ce qui est des côtes, nous avons seulement aperçu les Canaries et le Cabo Frio, une pointe de terre au nord de Rio de Janeiro. Le reste du temps, il n'y avait que nous et l'horizon, où apparaissait parfois un vraquier ou un porte-conteneurs. Je n'ai pas vu un seul voilier.



Je ne me suis pas ennuyée une seule fois pendant toute la traversée. Levée à 7 h pour le petit-déjeuner, je me recouchais généralement une petite heure. Ensuite, j’allais faire un tour sur la passerelle, pour voir sur les cartes où on se trouvait et discuter avec l’officier de quart, ou je descendais passer un moment avec les machinistes pendant leur pause. À midi, retour au mess pour le déjeuner, puis tartinage de crème solaire et direction le château de proue pour bouquiner, faire la sieste et observer la faune marine. 
Retour vers 17 h pour une petite demi-heure de gym et une bonne douche avant le dîner, servit à 18 h. Ensuite, parties de cartes et discussions plus ou moins sérieuses avec les Croates avant d’aller me coucher. Pas un seul moment le fait d’être seule femme a bord ne m’a pesé. Au contraire, tout le monde avait l’air tellement ravi de ma présence, que je me suis vite sentie intégrée.


Chaque jour ou presque nous réservait quelques surprises. On a participé à un exercice d’alerte incendie. On a appris à mettre nos gilets de sauvetage, observé l'équipage faire semblant d'éteindre un feu et on est montés dans le canot de sauvetage. Ce n’est qu’après que les machinistes m’ont raconté que plusieurs Philippins avaient trouvé la mort dans un exercice comme celui-là, car le canot de sauvetage s’était détaché et avait fait une chute de 30 m. Ils s’étaient bien gardés de nous le dire avant l’exercice !

Le capitaine, toujours soucieux de faire en sorte que notre expérience soit la plus complète possible, nous a aussi fait une visite de nuit du bateau. Direction le château de proue par l’intérieur de la coque. On y a découvert que les conteneurs ne s’entassaient pas seulement sur cinq étages au-dessus du bateau, mais également sur autant d’étages à l’intérieur ! Pour ce qui est du contenu, c’est resté un mystère jusqu’au bout, car le capitaine lui-même ignore ce que son cargo transporte (sauf quand il s'agit de marchandises dangereuses ou réfrigérées). Sébastien et moi nous sommes donc laissés aller à imaginer toutes les hypothèses : armes, drogue, clandestins...



Pour ce qui est du mal de mer, j’ai été plutôt tranquille. La première semaine, j’ai mis un patch, mais j’ai fini par m’en passer : je m’étais habituée au roulis. Il m’arrivait même, quand je passais plusieurs heures à l’intérieur, d’oublier que j’étais sur un bateau et d’être presque surprise, en rentrant dans ma cabine, de voir par le hublot que nous étions toujours en pleine mer ! Le dernier jour seulement, en arrivant en vue de Santos, le bateau s'est mis à tanguer plus que d'habitude et je ne faisais plus ma fière !

Je n'ai pourtant pas eu le mal de terre en débarquant. Je me suis juste sentie un peu assommée par le contraste entre le calme du bateau et le bruit et l'activité de la ville et par la tristesse de quitter mes nouveaux amis. Mais ce n'était qu'un au revoir et je compte bien suivre les aventures de Sébastien sur http://sebbavelo.blogspot.com.br/ en espérant le recroiser un jour (et je vous conseille d'aller faire un tour sur son blog d'ici quelques jours pour voir son propre récit de la traversée). Je pense aussi sérieusement à rentrer en France à bord du CMA CGM America, frère jumeau du Sambhar, où je devrais retrouver une partie de l'équipage, tout heureux de rentrer au bercail.





PS : Au moment où j’allais publier cet article. Danko m’envoie un message sur Facebook me disant qu’il faut que je retourne au port, car je ne suis pas passée par la douane hier soir ! Un agent vient me chercher au pied de l’immeuble, accompagné de Sébastien qu’ils n’ont pas voulu laisser partir tant que je n’étais pas passée à la douane puisque nos deux noms figuraient sur leurs papiers. Il met des scellés sur mes sacs. On retourne au port, où il nous remet un papier sans qu’on n’ai besoin de sortir de la camionnette, puis on se rend au bâtiment de la douane, dans le centre-ville, où on nous fait décharger les sacs, on jette un coup d’œil à nos passeports et on nous laisse repartir sans avoir touché aux sacs ni tamponné les passeports. Et voilà une belle matinée de découverte de la bureaucratie brésilienne !