jeudi 20 février 2014

Córdoba


Me voilà à Córdoba. Je suis arrivée dimanche matin après une nuit dans un bus tout confort avec l’inévitable film d’action « Attentat à la maison blanche » et un plateau-repas semblable à ceux des compagnies aériennes, avec une touche locale : les palmiers au chocolat du dessert étaient collés deux par deux par une bonne couche de dulce de leche.

La cathédrale de Córdoba


Mon hôte – que ses amis appellent Samuel et sa famille Fernando, allez comprendre ! – m’a tout de suite mise à l’aise : « fais comme chez toi et ne me demande pas où sont les choses : cherche ! » Il habite dans une grande maison et j’ai une chambre pour moi toute seule. Le luxe !
Après m’avoir laissée travailler tout l’après-midi, l’estomac bien rempli par une bonne platée de pâtes fraîches (faites maison, bien que ses racines soient espagnoles et non italiennes), il m’a fait une petite visite guidée de la ville de nuit.

Le Paseo del Buen Pastor et l'église des Capucins


Lundi, j’ai travaillé toute la journée, mais mardi j’ai pu vadrouiller toute seule en ville. J’ai visité le musée de la mémoire, très dur, puisqu’il expose les récits de personnes torturées pendant la dictature et de familles de disparus, mais très bien fait. J’ai aussi visité la manzana jesuítica, qui comprend une université et une église, mais qui n’était pas à la hauteur de ce que j’imaginais. Dans l’ensemble, la ville n’est pas particulièrement belle, mais l’ambiance y a l’air agréable. Le soir, j’ai retrouvé mes colocs françaises de Montevideo, Coline et Lisa, de passage dans le coin et on a rejoint Samuel/Fernando et d’autre couchsurfeurs autour d’un maté (qui est moins présent ici qu’en Uruguay, mais qui reste la boisson sociale typique).

Le musée de la mémoire


Hier, j’ai encore dû travailler toute la journée (dès 6h du matin, après m’être couchée à 2h, inutile de vous dire que ce n’est pas un rythme qui me convient). Mais aujourd’hui, j’ai prévu de sortir dessiner avec le cousin de Samuel/Fernando, qui est étudiant en architecture, avant de reprendre le bus, direction Salta.

samedi 15 février 2014

Adiós muchachos!


Voilà, mon séjour uruguayen touche à sa fin. Je prends aujourd’hui un bus direction Córdoba, Argentina.

Montevideo aura vraiment été une très belle surprise. J’ai, pour commencer, eu la chance de tomber sur des colocs en or et nos discussions artistiques, nos sorties dessin, photo ou tango et nos conversations absurdes où les blagues s’alimentent les unes les autres vont beaucoup me manquer.

Coline
Lalo
Bruno

Je trouve toujours la ville aussi belle qu’à mon arrivée, voire plus, maintenant que chaque coin de rue est associé à un souvenir. Je me suis habituée au son anachronique des sabots des chevaux sur la chaussée et au grondement des tambours au crépuscule. J’ai appris à composer avec la nonchalance des Uruguayens, puis à l’apprécier. Je suis devenue une pro du slalom entre les gouttes des climatiseurs qui tombent invariablement sur les trottoirs ou le crâne des passants inexpérimentés. J’ai découvert l’effet apaisant de danser un tango avec un Rioplatense à moustaches. J’ai une fois de plus changé d’accent quand je parle espagnol (je ne dis plus « yo llamé ayer », mais « jo chamé ajer »). Je me couche à trois heures du matin et me lève à 11h. Si on me dit « 18 », je ne pense plus simplement à un nombre, mais à une avenue pleine de magasins. Bref, j’ai apprivoisé cette ville. Je m’y sens un peu chez moi. Et quand j’entends le mot Montevideo, ça ne sonne plus aussi exotique que Valparaiso ou Antananarivo.

 Trois petits pas de tango et puis s'en va...

mardi 4 février 2014

L’Uruguay... c’est un peu comme le Brésil... en plus petit...




Bon, le carnaval ne vaut sans doute pas l’équivalent lusophone. Pour l’instant, je suis plutôt déçue : beaucoup d’attente pour pas grand-chose, peu d’ambiance, des groupes qui font un peu tous la même chose. Avant le défilé d’ouverture, je me demandais pourquoi mes colocs uruguayens snobaient autant cet événement. Maintenant je sais. J’ai quand même aimé le défilé des écoles de samba. Avec les plumes et tout, on s’y croyait ! Et j’attends encore de voir les défilés des llamadas (percussion et danse) et un ou deux tablados (spectacles de danse et de chant avec costumes et maquillage) pour clore mon jugement. Je vous mets quand même une petite vidéo :





 


Par contre, dimanche, c’était la fête de Iemanjá, déesse de la mer dans la religion umbanda. Et ça, j’ai kiffé, comme on dit ! Laissez-moi vous raconter tout ça en images...











Iemanjá est une divinité d'origine africaine très célébrée au Brésil. Elle est donc souvent représentée avec la peau noire. Mais le syncrétisme religieux l'a associée à la Sainte Vierge et elle a peu à peu changé de couleur de peau.
 








La plage Ramírez était bondée de familles qui venaient déposer des offrandes dans des petites barques bleu et blanc.




Les gens s'avançaient dans la mer, tout habillés (souvent avec de longues robes blanches pour les femmes), pour déposer leur offrande le plus loin possible.











Parfois seuls...













... parfois en groupes.





Les offrandes faites à Iemanjá sont notamment des fruits, des fleurs (surtout des oeillets blancs, mais aussi quelques roses en plastique bleu), des bougies, des bijoux, du parfum, du rouge à lèvres (tout ce qu'on peut associer à la féminité en fait, car c’est aussi la déesse protectrice des femmes)...



... et des coqs morts (d’après mon coloc Gabriel, l’animal de Iemanjá est le canard, mais apparemment ça ne court pas les rues en Uruguay, alors ils ont pris ce qu’ils trouvaient pour les sacrifices)




Malheureusement pour les croyants, le vent leur était contraire, ce qui signifie que Iemanjá a rejeté toutes leurs offrandes sur la plage : ils n’auront pas de chance cette année !


J’ai fait un tour au bord de l’eau et j'y ai trouvé de tout. Les Uruguayens n'étant pas particulièrement sensibilisés au respect de l'environnement, jeter autant de plastique, polystyrène et autres matières totalement pas biodégradables n'a pas l'air de les déranger. Il y avait quand même une association écolo qui distribuait des dépliants pour inciter les adeptes à privilégier les offrandes biodégradables.





Les gens creusaient aussi des cratères partout sur la plage pour y allumer des bougies. La nuit tombée, la plage ressemblait à un grand gâteau d'anniversaire !



Assis à regarder le soleil se coucher, mon coloc m'a raconté une version de l'histoire de Iemanjá. C'était une belle femme, mariée à Saint Roch (je ne me souviens plus du nom de l'orixa – la divinité umbanda – auquel il est associé). Mais elle aimait beaucoup les hommes et trompait tout le temps son mari. Or le chien de Saint Roch la suivait partout et faisait part de ces infidélités à son maître.



Je n'ai pas bien compris pourquoi, mais un jour elle décida de s'enfuir. Le chien se lança à ses trousses et, en arrivant au bord de la mer, elle trébucha et s'entailla la poitrine sur un rocher. Son sang s'écoula dans la mer et elle mourut.







Après cette triste histoire, une petite vidéo d'une des danses pratiquées lors de la célébration de Iemanjá. Les danseurs entrent dans une sorte de transe et sont possédés par des orixas, d'où leur comportement bizarre :